Les drones « invisibles » de l'Ukraine bouleversent la guerre électronique : 20 km de portée, zéro onde pour zéro trace.
Un fil de soie, presque invisible. Il serpente à travers les champs de bataille ukrainiens, reliant un drone en vol à son opérateur. Pas d'ondes, pas de signaux, aucun bourdonnement électromagnétique. Pourtant, l'engin fonce, vise, et frappe !
Ce fil, c'est une fibre optique. Et grâce à lui, l'Ukraine vient peut-être de franchir un cap décisif dans la guerre des drones. Une technologie silencieuse, résistante au brouillage, et capable d'atteindre des distances que l'on croyait interdites aux FPV classiques.
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Et si les drones ukrainiens n'émettaient plus aucune onde ?
Depuis des mois, les opérateurs ukrainiens butent sur un mur : le brouillage russe. Radars, leurres, interférences… les drones classiques, pilotés par ondes radio, sont aveuglés, neutralisés, perdus dans le vide électronique. Mais les ingénieurs de Brave1, plateforme technologique de l'armée ukrainienne, ont changé les règles.
Lors d'une série de tests impliquant plus de quinze fabricants, de nouveaux drones FPV (pour First Person View ou vue à la première personne dans la langue de Molière) ont été connectés à leurs opérateurs via un câble à fibre optique déroulé depuis le sol. Résultat : une portée doublée soit plus de 20 km parcourus et une invisibilité totale pour les systèmes de guerre électronique ennemis.
Ces drones n'émettent rien. Ils ne sont plus repérables par les stations d'écoute. Ils n'envoient pas de signal. Ils existent, sans apparaître.
Voici les différences clés entre un drone FPV classique et un drone FPV à fibre optique :
| Caractéristique | FPV radio | FPV fibre optique |
|---|---|---|
| Portée effective | 5 à 10 km | Jusqu'à 20 km |
| Vulnérabilité au brouillage | Élevée | Nulle |
| Qualité vidéo | Variable | Stable, sans coupure |
| Discrétion électronique | Faible | Totale |
| Coût de production | Faible | En baisse constante |
Une course d'obstacles à 20 kilomètres
Le test officiel, organisé sous l'œil du général Andriy Lebedenko, a poussé les drones à simuler des frappes à longue distance. Vingt kilomètres de vol, avec détection de cible et guidage optique, sans aucune perte de signal. Une première.
Ce système repose sur un module appelé Silkworm. Deux versions sont testées : l'une équipée d'une charge explosive, l'autre dotée d'une batterie interne. Malgré le fil, parfois considéré comme un handicap, la maniabilité reste intacte. Le câble, léger et souple, est conçu pour se dérouler sans tension ni rupture.
L'Ukraine possède désormais des ateliers capables de produire ces fibres à haute précision. Cela réduit la dépendance à la Chine, fournisseur principal des bobines utilisées par les deux camps depuis le début du conflit.
Robots au sol, même combat
La démonstration ne s'est pas arrêtée au ciel. Sept systèmes robotiques terrestres ont été testés avec le même mode de communication. Des machines rampantes, capables d'explorer, de livrer des charges, ou d'attaquer des positions ennemies sans jamais être brouillées.
Grâce à cette technologie, les blindés russes camouflés derrière un talus, les bunkers protégés par brouillage, et les dépôts logistiques invisibles aux radars peuvent désormais être détectés, filmés et frappés. Sans alerter personne.
Une technologie qui s'exporte déjà
Les avancées ukrainiennes n'ont pas échappé aux grandes puissances. La Chine, en particulier, a immédiatement réagi. Une unité des forces armées de police (PAP) a récemment été filmée en entraînement avec des drones à fibre optique. Le reportage, diffusé par CCTV, confirmait un intérêt grandissant pour ces systèmes « invisibles ».
Une course mondiale est lancée. Et l'Ukraine, pour l'instant, mène le peloton.
De l'expérimental à l'industriel
Ce qui semblait hier encore un projet marginal devient aujourd'hui une capacité tactique. L'abaissement du coût unitaire, grâce à l'industrialisation des fibres optiques, rend ces drones compatibles avec une production de masse.
Voici les usages envisagés à court terme :
- Frappe ciblée dans zone saturée électromagnétiquement
- Surveillance continue de ligne de front
- Appui direct à l'infanterie dans les zones urbaines
- Neutralisation discrète de relais radio ennemis
- Liaison de communication sécurisée sans onde radio
Et ce n'est qu'un début ! Les drones navals sont déjà concernés. Le module Silkworm pourrait équiper une vedette sans pilote, reliée par fibre depuis la côte ou un poste avancé.
Source : https://militarnyi.com/en/news/ukraine-tests-fiber-optic-fpv-drones-with-a-range-of-20-km/
Image : Brave1
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