
Un drone, un missile de croisière, et un rêve américain pour une frappe autonome à 1 000 kilomètres.
Un général américain a récemment évoqué la possibilité de transformer un drone en bombardier de précision longue portée. Le MQ-9 Reaper, jadis symbole de la guerre contre les groupes terroristes, s'apprête à changer de rôle. Grâce à un petit missile appelé « Black Arrow », il pourrait bientôt frapper à des centaines de kilomètres, sans pilote ni avion de chasse. Une révolution dans l'art d'atteindre un ennemi… sans être vu.
Mais cette mutation, si elle réussit, en dira long sur le monde à venir : un monde où les frappes précises n'ont plus besoin de cockpit.
Lire aussi :
- Ce « monstre » de 45 mètres de long préfigure le futur de la construction navale américaine qui devrait se tourner de plus en plus vers les drones
- Le brouillage est désormais obsolète dans la guerre des drones grâce une innovation ukrainienne qui va lui permettre de lancer une flotte aérienne « invisible »
Les Etats-Unis pense créer une bombe volante en réutilisant un drone « hors-service »
Le missile en question, baptisé Black Arrow, est un missile de croisière compact, conçu par l'entreprise Leidos. Léger, discret, mais capable de voler sur plusieurs centaines de kilomètres. En mars 2025, il a été testé avec succès depuis un AC-130, le célèbre avion canon de l'Air Force.
Prochaine étape : l'intégrer au drone MQ-9 Reaper, le drone phare des forces spéciales américaines pour transformer ce vecteur initialement conçu pour la surveillance et les frappes légères en véritable plateforme stratégique.
Paramètre | Valeur estimée |
---|---|
Nom du missile | Black Arrow |
Portée | Entre 640 et 960 kilomètres |
Vitesse | Subsonique (environ 900 km/h) |
Drone cible | MQ-9 Reaper |
Coût moyen d'un MQ-9 | Environ 28 millions d'euros |
Une nouvelle vie pour des drones en fin de cycle
Le MQ-9 Reaper est un vétéran. Il a parcouru les cieux d'Afghanistan, d'Irak, de Syrie. Mais depuis quelques années, il est contesté. Trop lent face aux défenses modernes, trop visible sur les radars.
Mais armé d'un missile de croisière, tout change. Il n'a plus besoin de s'approcher. Il tire, et repart. Et cela sans exposer un seul pilote.
Le général Michael Conley résume la philosophie : « Si vous pouvez tirer un missile à 600 miles (près de 1 000 kilomètres) depuis un Reaper, c'est une capacité que n'importe quel commandant voudrait. » Ce n'est plus une simple extension de puissance. C'est une réinvention.
La guerre sans fatigue : l'IA prend les commandes
L'autre innovation, c'est l'intelligence artificielle. Elle sera mise à contribution pour repérer les cibles, optimiser la trajectoire, et réduire la charge cognitive des équipages.
L'idée n'est pas de tout automatiser. Mais de déléguer les tâches répétitives, les analyses longues, les arbitrages techniques. Car les forces spéciales américaines, sollicitées aux quatre coins du globe, n'ont plus les moyens d'une guerre à l'ancienne.
Du Yémen à l'Asie du Sud-Est, en passant par l'Europe de l'Est, les drones seront les éclaireurs, les saboteurs, et parfois les exécuteurs.
Un missile, un logiciel, et un défi bureaucratique
Installer un missile sur un drone ? Ce n'est pas qu'un exercice de mécanique. C'est une épreuve administrative, logistique, réglementaire.
Le missile doit être intégré au système de gestion de combat du drone. Testé en champ de tir militaire. Validé par la chaîne de commandement du Pentagone. Et surtout, faire l'objet de multiples audits de sécurité.
Un ingénieur de Leidos le reconnaît : « C'est autre chose que de le tester sur un avion loué pour une démonstration. C'est un saut dans l'opérationnel, avec tous les contrôles que cela implique. »
Des frappes low cost, une doctrine revisitée
Ce projet n'est pas uniquement motivé par la performance. Il répond aussi à une logique de coût.
Un drone MQ-9 équipé d'un Black Arrow coûtera bien moins cher à faire voler qu'un avion de chasse de cinquième génération. Pas besoin de base avancée. Pas besoin de mission de ravitaillement en vol. Le Reaper devient un vecteur longue portée à bas prix.
C'est une stratégie d'ajustement face à un monde instable. Les États-Unis veulent garder la capacité de frapper n'importe où, rapidement, sans avoir à déployer massivement leurs forces.
Et ils veulent le faire face à des adversaires toujours plus modernes : Russie, Chine, mais aussi groupes paramilitaires équipés de drones, de brouilleurs, ou de missiles sol-air.
La prochaine guerre se jouera à distance
Ce que prépare l'Air Force Special Operations Command, c'est une guerre où le contact humain devient rare, et la réactivité totale.
Le Reaper devient un chasseur autonome. Il détecte, évalue, frappe. Et parfois, décide.
C'est une bascule. Une génération d'aviateurs va voir son rôle changé. Et une nouvelle doctrine, celle de la frappe automatisée à distance, s'impose peu à peu. Le ciel est en train de devenir un champ de bataille invisible, silencieux, et autonome.
Source : https://www.leidos.com/insights/leidos-touts-small-cruise-missile-solution-announces-successful-test-accomplishments
En tant que jeune média indépendant, secret-defense.org a besoin de votre aide. Soutenez-nous en nous suivant et en nous ajoutant à vos favoris sur Google News. Merci !