
Et si le futur des avions de combat avait été imaginé… il y a près de 30 ans ?
Un petit appareil sans queue, quasi inconnu du public, aurait servi de base au très attendu F-47.
Développé en secret puis testé avec succès, ce drôle d'engin pourrait bien avoir laissé son empreinte sur toute une génération d'avions furtifs.
Plongée dans les coulisses d'un programme oublié, mais loin d'être inutile.
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L'X-36, une silhouette inhabituelle pour les années 90
À première vue, l'X-36 ressemble à un jouet futuriste. Difficile d'imaginer que cet appareil long de 5,8 mètres, haut d'un mètre et large d'un peu plus de 3 mètres a ouvert la voie aux chasseurs de 6e génération. Développé au milieu des années 90 par McDonnell Douglas (racheté ensuite par Boeing), il n'a volé qu'en version réduite, à 28 % de la taille prévue pour un avion de combat. Ce n'était pas un prototype opérationnel, mais une maquette volante à échelle réduite.
Pourquoi ? Pour tester une idée risquée : supprimer totalement les empennages verticaux et horizontaux. Une configuration dite « sans queue », théoriquement idéale pour la furtivité radar, mais très instable en vol. Pour compenser, l'X-36 a été équipé d'un système de contrôle numérique « fly-by-wire » particulièrement avancé pour l'époque.
L'instabilité comme choix technique
En retirant les surfaces de queue traditionnelles, les ingénieurs ont volontairement conçu un appareil instable. Cette instabilité permet, en théorie, une plus grande maniabilité, à condition de disposer de logiciels capables d'ajuster en permanence les commandes de vol. Ce pari a été tenu grâce à une architecture de commande entièrement numérique, une première dans un tel contexte.
L'appareil se pilotait à distance, depuis une station au sol, avec retour vidéo direct depuis une caméra frontale. Le « pilote » utilisait un affichage tête haute standard, comme dans un véritable chasseur. Malgré sa petite taille, l'X-36 se comportait comme un appareil grandeur nature. Il pesait à peine 567 kg à pleine charge et était propulsé par un micro-turboréacteur Williams F112 délivrant environ 318 kg de poussée.
Une campagne d'essais réussie
Entre mai et novembre 1997, l'unique exemplaire volant de l'X-36 a réalisé 31 vols d'essai sur la base d'Edwards, en Californie. L'objectif ? Évaluer ses capacités de manœuvre dans des configurations extrêmes : fortes inclinaisons, basses vitesses avec angle d'attaque élevé, puis inversement. Résultat : l'appareil s'est révélé étonnamment stable et maniable, selon les rapports de la NASA.
Voici un aperçu de ces essais :
Paramètre | Valeur |
---|---|
Nombre de vols | 31 |
Durée cumulée de vol | 15 heures et 38 minutes |
Période d'essai | mai à novembre 1997 |
Lieu | Centre Dryden (aujourd'hui Armstrong), base d'Edwards |
Un second vol d'essai a même été organisé fin 1998 pour tester un logiciel expérimental, capable de gérer un vol en cas de défaillance ou de perte de commandes. Le programme RESTORE, financé par le laboratoire de recherche de l'US Air Force, utilisait des algorithmes d'apprentissage automatique pour adapter les commandes à un avion « endommagé ».
Des similarités frappantes avec le F-47
En 2025, le F-47 est annoncé comme le futur chasseur de supériorité aérienne de l'armée américaine. Les rares images diffusées montrent un appareil sans queue, avec une verrière large, un nez aplati, et possiblement des plans canards. Tous ces éléments rappellent fortement… l'X-36.
Certains experts avancent même que le F-47 serait l'aboutissement d'une série de prototypes secrets nés dans les années 1990. L'X-36, par son design lambda, ses surfaces mobiles atypiques et son moteur à poussée vectorielle, aurait permis de valider des technologies devenues indispensables pour un avion de combat moderne.
Liste des ressemblances visuelles supposées entre les deux appareils :
- Disparition des empennages verticaux
- Présence de canards avant
- Forme de verrière « bulle »
- Nez large et aplati
- Aile en flèche inversée
Même s'il ne s'agit pas d'une copie conforme, l'X-36 semble bien avoir servi de laboratoire volant à des concepts aujourd'hui appliqués sur le F-47.
D'autres projets secrets de la même époque
L'X-36 n'est pas un cas isolé. L'époque était riche en démonstrateurs expérimentaux, souvent menés dans l'ombre. L'un des plus mystérieux reste le X-44 MANTA, développé par Lockheed Martin. Ce projet visait lui aussi à explorer un design sans queue, mais avec contrôle intégral par poussée vectorielle.
Autre appareil oublié mais pertinent : le Bird of Prey. Ce démonstrateur furtif de Boeing a volé dans le plus grand secret jusqu'en 2002. Il introduisait des technologies avancées de fabrication et de furtivité visuelle. Son aile dièdre et ses formes inhabituelles ont marqué les ingénieurs, même s'il n'a jamais été produit en série.
Enfin, des rumeurs persistantes évoquent un « YF-24 », un autre démonstrateur de Boeing, dont l'existence n'a jamais été officiellement confirmée. Il aurait partagé plusieurs caractéristiques avec l'X-36, notamment une configuration sans queue et un moteur à poussée vectorielle.
Ce que cela implique pour la suite
Si les programmes comme l'X-36 ont été aussi influents, c'est parce qu'ils ont permis de valider des solutions théoriques dans des environnements réels. Cela a rendu possible une nouvelle génération d'avions furtifs, plus discrets, plus agiles, et plus polyvalents. Mais ce gain d'efficacité a un prix : la suppression de la queue rend l'avion instable, difficile à piloter sans assistance numérique.
Pour compenser, les ingénieurs ont développé des logiciels de contrôle prédictif, et intégré des systèmes comme la poussée vectorielle ou les canards avant. Le F-47, qui héritera très probablement de ces solutions, incarne cette nouvelle génération d'avions nativement instables mais gérables par l'intelligence logicielle.
Dans cette perspective, l'X-36 apparaît non pas comme un échec oublié, mais comme un chaînon manquant essentiel. Un projet discret, mais dont l'héritage technique dépasse largement son envergure.
Source : https://www.twz.com/air/reflections-of-the-f-47-looking-back-at-the-x-36
Image :
McDonnell-Douglas / Boeing X-36 en vol, 26 juin 1997
NASA/Dryden Flight Research Center
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