
Un nouveau poisson-robot capable de plonger à 305 mètres pour l'US Navy.
Capable de plonger à 305 mètres, de rester actif 30 heures et de communiquer en toute sécurité avec les systèmes les plus sensibles de la marine américaine, le Lionfish s'annonce comme une véritable option militaire supplémentaire pour la plus puissante des flotte du monde. Ce véhicule autonome livré à la Navy représente un tournant tactique et technologique dans la guerre navale du XXIe siècle.
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L'US Navy signe un contrat à 347 millions d'euros pour des robots silencieux
La société américaine Huntington Ingalls Industries (HII) vient de livrer les deux premiers exemplaires du Lionfish SUUV (Small Uncrewed Undersea Vehicle) à l'US Navy. Ce n'est que le début d'un programmequi pourrait atteindre 200 unités pour un montant total estimé à plus de 347 millions d'euros.
Derrière ce poisson de fer, on retrouve une collaboration entre HII, la marine américaine et la Defense Innovation Unit, chargée d'accélérer le transfert de technologies civiles vers les usages militaires.
Le but est clair : déployer des engins autonomes capables de remplir des missions complexes dans des zones où envoyer un équipage humain serait trop risqué.
Qui est HII ?
HII, ou Huntington Ingalls Industries, est la plus grande entreprise américaine de construction navale militaire, fondée en 2011 après sa séparation de Northrop Grumman. Elle conçoit et construit principalement des porte-avions nucléaires, des sous-marins et d'autres navires de guerre pour la Marine américaine. Avec environ 44 000 employés, HII génère un chiffre d'affaires annuel supérieur à 12 milliards de dollars. L'entreprise est également active dans les technologies de mission et les solutions techniques pour la défense. Son siège social est situé à Newport News, en Virginie, et elle détient un carnet de commandes important pour plusieurs années à venir.
Un REMUS 300 sous stéroïde
Techniquement, le Lionfish dérive du REMUS 300, une plateforme déjà bien connue dans le monde des drones sous-marins. Sauf que cette nouvelle version n'a plus rien d'un prototype.
Le Lionfish conserve le design modulaire et l'architecture ouverte du REMUS 300, ce qui permet d'adapter ses composants à la mission. Mais il ajoute des systèmes conformes aux normes de la Navy, notamment sur le plan de la cybersécurité, un point essentiel quand on veut connecter un robot aux réseaux sensibles de la défense.
On note également des performances musclées :
- Profondeur maximale : 305 mètres
- Vitesse : jusqu'à 5 nœuds
- Autonomie : jusqu'à 30 heures grâce à des batteries lithium-ion modulaires
Sa taille compacte lui permet d'être déployé depuis des petits bateaux comme depuis des sous-marins, ce qui lui offre une agilité redoutable en opérations.
Guerre des mines, chasse aux sous-marins, guerre électronique…
Le Lionfish n'est pas spécialisé, il est polyvalent. Il peut remplir plusieurs types de missions :
- Déminage (mine countermeasures)
- Renseignement et surveillance (ISR)
- Lutte anti-sous-marine (ASW)
- Guerre électronique
C'est un véritable couteau suisse sous-marin. Son principal atout reste de s'intègrer parfaitement dans la doctrine navale émergente de la « distributed lethality », qui consiste à disperser les capacités de frappe pour éviter qu'un ennemi ne puisse neutraliser un point clé.
Autrement dit, si un adversaire détruit un navire, il ne détruit pas toute la capacité d'action : les robots, eux, continuent la mission ailleurs, sans être repérés.
Autonomie, mais pas improvisation
Même si le Lionfish est « sans équipage », il ne ère pas pour autant sans but dans les océan. Il agit selon des instructions programmées, mais il peut ajuster ses trajectoires en fonction des données collectées en temps réel.
Ses communications sont chiffrées, sa présence discrète, et ses capteurs suffisamment puissants pour détecter une menace sans alerter tout l'océan. On parle ici d'un engin capable d'infiltrer des eaux contestées sans compromettre la mission ni la sécurité des marins.
Une réussite industrielle et stratégique
Ce programme est aussi une réussite logistique. Il marque le premier passage d'un prototype OTA (Other Transaction Authority) à une production en série dans l'histoire récente de la marine américaine. Cela prouve que l'on peut passer rapidement de l'innovation à la fabrication sans s'enliser dans des cycles bureaucratiques interminables.
C'est une victoire pour HII, mais aussi un signal fort envoyé à toute l'industrie de défense : les robots ne sont plus une option, ils sont en train de devenir le nouveau standard.
La production en cours à Pocasset, dans le Massachusetts, s'appuie sur une longue expérience : plus de 700 véhicules REMUS livrés à 30 pays, dont 14 membres de l'OTAN. Et 90 % de ces engins sont encore en service actif.
Une réponse directe aux menaces émergentes
La demande pour ce type de véhicule autonome ne tombe pas du ciel. Elle répond à une évolution rapide des menaces en mer :
- Prolifération de mines navales intelligentes
- Déploiement de flottes sous-marines par des puissances adverses
- Systèmes de déni d'accès (A2/AD) de plus en plus performants
Le Lionfish permet d'élargir le champ d'action de la Navy sans mettre d'humain en danger, tout en complétant les moyens classiques.
Sa discrétion, son autonomie, sa modularité : autant d'atouts qui lui permettent de s'adapter à des environnements hostiles où chaque signal radio peut être une menace.
Source : source: HII
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