
Les capacités nucléaires de la France et l'offre de Macron pour protéger l'Europe face à la Russie.
Le président de la République Française Emmanuel Macron a récemment annoncé sa volonté de lancer des discussions sur la dissuasion nucléaire au bénéfice de l'Europe, évoquant la possibilité d'étendre la protection nucléaire française aux autres États membres de l'Union européenne face aux menaces sécuritaires croissantes de la Russie.
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La France peut-elle faire profiter TOUTE l'Europe de son « parapluie nucléaire « ?
La Déclaration marqué a marqué les esprits en Europe, indiquant que la France, forte de ses capacités nucléaires uniques dans l'UE, pourrait jouer un rôle plus proéminent dans la sécurité du continent. Cette annonce survient alors que les actions de la Russie en Ukraine et sa menace planante en Europe de l'Est continuent de déstabiliser la région.
Rappel : Qu'est-ce qu'un « parapluie nucléaire » ?
Un parapluie nucléaire désigne la garantie donnée par un État nucléaire de protéger un autre État non nucléaire allié contre des menaces nucléaires. Ce concept est souvent associé aux alliances militaires, comme celles des États-Unis avec le Japon et la Corée du Sud. Il permet aux pays non nucléaires de se sentir protégés sans avoir besoin de développer leurs propres armes nucléaires. Le parapluie nucléaire est utilisé pour maintenir la stabilité géopolitique et dissuader les agresseurs potentiels.
La dissuasion nucléaire française
La force nucléaire française est composée de plusieurs systèmes d'armes stratégiques et tactiques. Voici quelques-uns des principaux vecteurs et effecteurs en service ou historiques :
- Forces aériennes stratégiques (FAS) : Utilisent des missiles ASMP-A avec des têtes nucléaires TNA, déployés sur des Rafale B et Mirage 2000N.
- Force océanique stratégique (FOST) : Emploie des missiles M51.1 et M51.2 avec des têtes nucléaires TN75 et TNO, déployés sur les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) de la classe Le Triomphant.
- Force aéronavale nucléaire (FANu) : Utilise également des missiles ASMP-A avec des têtes TNA sur des Rafale M.
- Forces nucléaires tactiques : Historiquement, des bombes AN-52 et des missiles Hadès ont été utilisés, mais ces capacités ont été retirées du service.
La France maintient une posture de dissuasion nucléaire strictement défensive, avec une capacité totale d'environ moins de 300 têtes nucléaires.
La doctrine française de dissuasion nucléaire
La doctrine nucléaire française repose sur l'objectif de dissuader les agresseurs potentiels en menaçant de riposte nucléaire pour protéger ses intérêts vitaux. Cette doctrine exclut l'utilisation de l'arme nucléaire comme moyen de coercition ou d'emploi conventionnel. Les présidents successifs ont affirmé que la dissuasion nucléaire pourrait être utilisée contre des menaces terroristes ou des armes de destruction massive. La France a réduit son arsenal à moins de 300 têtes, ce qui nous allons le voir et suffisant pour la France mais ne va pas sans poser quelques questions pour l'échelle européenne.
Vers une dissuasion nucléaire européenne ?
Les commentaires récents de Macron suggèrent une volonté de discuter de la possibilité d'étendre le parapluie nucléaire français à d'autres États membres de l'UE, ce qui pourrait renforcer la coopération sécuritaire au sein de l'OTAN et de l'UE. Cette proposition pourrait théoriquement offrir une protection nucléaire étendue à d'autres États membres de l'UE. Toutefois, cela nécessiterait un consensus politique au sein de l'UE ainsi que des arrangements logistiques pour le partage nucléaire.
Une capacité nucléaire suffisante pour protéger l'Europe ?
Si la France possède un arsenal nucléaire performant, la question de sa capacité à assurer seule un bouclier nucléaire européen reste en suspens. Avec environ 290 têtes nucléaires et une flotte limitée à quatre sous-marins lanceurs d'engins, la France est loin d'égaler les États-Unis (5 244 têtes) ou la Russie (5 580 têtes). En comparaison, Moscou dispose d'un stock bien plus important, avec une multitude de missiles balistiques intercontinentaux, de sous-marins et de bombardiers stratégiques, ce qui met en doute la possibilité pour Paris d'offrir une dissuasion crédible à l'ensemble de l'Europe. De plus, toute extension de la dissuasion française impliquerait des engagements politiques et stratégiques lourds, nécessitant un partage du contrôle nucléaire qui pourrait s'avérer complexe à mettre en place.
Stock mondial de missiles nucléaires par pays
Pays | Nombre estimé de têtes nucléaires | Missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) | Missiles balistiques lancés depuis un sous-marin (SLBM) | Bombardiers stratégiques |
---|---|---|---|---|
Russie | 5 580 | ≈ 320 | ≈ 160 | ≈ 66 |
États-Unis | 5 244 | ≈ 400 | ≈ 220 | ≈ 60 |
Chine | 500+ | ≈ 120 | ≈ 48 | ≈ 20 |
France | 290 | 0 | 64 (M51) | 50 (ASMP-A) |
Royaume-Uni | 225 | 0 | 48 (Trident II D5) | 0 |
Inde | ≈ 170 | ≈ 20 | ≈ 6 | ≈ 6 |
Pakistan | ≈ 170 | ≈ 24 | ≈ 5 | ≈ 6 |
Corée du Nord | ≈ 40-50 | ≈ 10 | ≈ 0 | ≈ 0 |
Si l'idée d'un parapluie nucléaire français pour l'Europe marque une évolution stratégique importante, sa faisabilité reste une question ouverte. La France pourrait-elle réellement dissuader une puissance comme la Russie avec un arsenal aussi réduit ? Une telle démarche nécessiterait des décisions politiques, militaires et technologiques d'ampleur, ainsi qu'une acceptation des États européens concernés. Le débat n'a en tous cas, pas fini de faire parler !
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