
La marine fantôme de Pékin : un seul navire, mille échos radar.
Visualisez la scène : un seul destroyer apparait comme une flotte entière sur les radars ennemis. Non, ce n'est pas une scène sortie de « Star Wars » (« it's a toap ! »), mais une technologie bien réelle que la Chine affirme avoir mise au point.
Développé par l'Institut de télémétrie de Pékin, ce système de guerre électronique repose sur des brouilleurs miniatures et bon marché, capables de dupliquer numériquement un navire de guerre sur plusieurs échos radar.
Le but ? Tromper les missiles guidés par radar, détourner l'attention des défenses ennemies et transformer le champ de bataille en un théâtre d'illusions électromagnétiques.
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Le principe technique est plus astucieux que complexe. Le système utilise quatre brouilleurs électroniques déployés autour du navire. Chacun émet un signal radar fictif, soigneusement synchronisé pour imiter la signature électromagnétique d'un véritable navire.
Ces faux signaux forment une constellation de cibles fantômes, rendant le repérage du navire réel quasiment impossible dans un environnement saturé de fausses pistes. À la différence des leurres traditionnels — coûteux, rigides et peu adaptatifs — cette technologie repose sur des processeurs 1-bit : de minuscules circuits ne stockant qu'un signal binaire.
Leur simplicité permet une réactivité ultra-rapide, adaptée aux variations continues du champ électromagnétique durant les combats.
Des missiles perdus dans la brume numérique
Lors des simulations, ces leurres numériques ont détourné des missiles antinavires guidés par radar, qui se sont verrouillés sur les cibles fantômes. Pendant ce temps, le navire réel restait invisible, en toute sécurité.
Comparaison avec les technologies classiques :
Paramètre | Brouilleurs 1-bit | Leurres traditionnels |
---|---|---|
Coût | Faible | Élevé |
Adaptabilité | Très dynamique | Limitée |
Complexité | Faible (coordination logicielle) | Élevée (matériel complexe) |
Rayonnement radar simulé | Variable, en temps réel | Fixe ou peu modifiable |
Cette approche low-tech, alliée à une stratégie algorithmique sophistiquée, permettrait de tromper des radars modernes tout en évitant les coûts prohibitifs des contre-mesures classiques.
Un champ de bataille redessiné
Les chercheurs décrivent leur système comme un outil de “sculpture de l'environnement électromagnétique”. En d'autres termes, le champ de bataille est modifié artificiellement, à l'image d'un décor de cinéma, pour forcer l'adversaire à prendre de mauvaises décisions.
Militairement, cela offre un avantage stratégique majeur :
– Leurrer les capacités de surveillance adverses.
– Détourner les missiles coûteux vers des cibles inexistantes.
– Protéger des navires de grande valeur à moindre frais.
– Multiplier les manœuvres de diversion sans déployer de nouvelles unités.
Des promesses… mais encore des limites
Attention cependant à ne pas vendre la flotte fantôme avant qu'elle ne vogue. Les résultats actuels proviennent uniquement de simulations numériques. Aucun essai en conditions réelles contre des systèmes de missiles n'a encore été effectué.
Les chercheurs reconnaissent aussi les faiblesses potentielles du système 1-bit. Sa simplicité pourrait le rendre vulnérable à des contre-mesures sophistiquées, notamment si l'ennemi utilise des systèmes interconnectés capables de recouper plusieurs sources radar.
Mais l'équipe, dirigée par le chercheur Hu Jijun, est confiante : l'intégration d'intelligence artificielle et des progrès dans la coordination des signaux pourraient renforcer la robustesse du système.
Vers une illusion permanente sur les océans
Ce système chinois, surnommé officieusement “marine fantôme”, pourrait bien annoncer une nouvelle ère de la guerre navale, où la supériorité ne repose plus uniquement sur l'armement, mais aussi sur la tromperie numérique.
Dans un monde où le brouillage, leurrage et la furtivité sont aussi importants que les torpilles et les missiles, le théâtre des opérations devient un jeu de cache-cache algorithmique.
Et dans ce domaine, faire croire à l'ennemi que vous êtes partout, c'est déjà une victoire.
Source : SCMP
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