
Le cauchemar de l'Australie commence à prendre vie : une base militaire russe en Indonésie pourrait voir le jour.
Un aérodrome à 1 400 kilomètres de Darwin et des bombardiers russes face aux côtes australiennes est-il une menace à prendre au sérieux ?
Le simple soupçon d'une implantation militaire russe sur l'île indonésienne de Biak a pourtant suffi à faire frémir Canberra !
Officiellement démentie, l'information soulève néanmoins un scénario que les stratèges anglo-saxons redoutent depuis quelque temps : un pivot russe dans l'Indo-Pacifique.
Région déjà passablement sous tension, notamment en mer de Chine.
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Une requête russe au parfum de Guerre froide dans une région inattendue : l'Indo-Pacifique.
Selon plusieurs sources, la Russie aurait demandé en février 2025 l'autorisation d'utiliser la base aérienne de Manuhua, située sur l'île de Biak, dans la province indonésienne de Papouasie via son secrétaire du Conseil de sécurité russe Sergeï Choïgou.
Démentie par Jakarta, l'information n'en reste pas moins plausible. Les experts soupçonnent des discussions informelles à des niveaux subalternes, permettant un déni politique sans exclure des tractations discrètes.
Le Kremlin, lui, botte en touche et évoque des « fake news ». Mais l'historique parle pour lui : en 2017, deux bombardiers stratégiques Tu-95 russes avaient déjà atterri sur cette base, déclenchant une alerte temporaire à la RAAF de Darwin.
Biak : un poste avancé idéal pour Moscou
Pourquoi ce « caillou » intéresse-t-il autant Moscou ? La réponse est simple et laconique : parce qu'il permettrait à la Russie de projeter sa puissance sur le Pacifique occidental, avec des avions comme le Tu-95MS, le Tu-160 Blackjack, ou des avions de transport Il-76.
Depuis Biak, les appareils russes pourraient mener des missions ISR (renseignement, surveillance, reconnaissance) au-dessus du nord de l'Australie, surveiller les bases de Tindal et Darwin, et potentiellement frapper des cibles jusqu'à Guam ou les installations américaines du Pacifique sud.
C'est un point d'appui stratégique qui élargirait considérablement la zone d'influence de la Russie, tout en plaçant des installations alliées sous menace directe.
Un effet domino sur toute la région
Une présence militaire russe dans cette zone isolée brouillerait les lignes de défense régionales. Cela compliquerait :
- La planification stratégique australienne,
- Les capacités de réponse rapide des forces américaines,
- Et les opérations conjointes dans le cadre de l'alliance AUKUS (Australie, Royaume-Uni, États-Unis).
D'autant que la base de Tindal est actuellement en cours d'aménagement pour accueillir des bombardiers B-52 américains. Autant dire que la cohabitation aérienne deviendrait explosive.
Une neutralité indonésienne sous pression
Sur le papier, l'Indonésie s'en tient à sa doctrine historique : une politique étrangère « libre et active », refusant toute base militaire étrangère sur son sol. La constitution indonésienne l'interdit explicitement.
En 2020, Jakarta avait d'ailleurs refusé aux États-Unis l'accès à ses bases aériennes pour des missions de surveillance maritime.
Des figures politiques locales, comme le général retraité TB Hasanuddin, ont récemment rappelé que toute installation militaire étrangère violerait la loi et minerait la crédibilité diplomatique du pays.
Mais la réalité est plus nuancée…
Une coopération russo-indonésienne qui s'épaissit
Depuis l'élection du président Prabowo Subianto, les liens militaires avec Moscou se renforcent. En novembre 2024, les deux pays ont organisé des manœuvres navales conjointes au large de Java. Et bien que Jakarta ait annulé l'achat de chasseurs Su-35 en 2018 sous la pression des sanctions américaines, la Russie reste un fournisseur d'armement courtisé.
Plus récemment, l'Indonésie a rejoint le groupe élargi des BRICS, envoyant un signal d'ouverture vers des partenariats non occidentaux. De quoi raviver les soupçons sur ses orientations stratégiques réelles.
Une alerte pour Washington et Canberra
Même si le projet d'une base russe à Biak n'aboutit jamais, l'épisode agit comme un révélateur. Il souligne :
- La volatilité des alliances régionales,
- L'intérêt croissant de Moscou pour l'Indo-Pacifique,
- Et le déclin progressif du monopole stratégique américain dans la zone.
Dans un contexte où la Russie multiplie les patrouilles conjointes avec la Chine au-dessus du Pacifique, une base avancée en Indonésie renforcerait leur coordination, notamment en matière de renseignement et de frappes stratégiques.
L'Indo-Pacifique n'est plus un « théâtre secondaire ». C'est un champ de bataille géopolitique de premier plan, où chaque piste d'atterrissage compte.
Source : Defense Express
Image : un avion de transport Iliouchine II-76
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