
F-35, drones et sous-marins repérés ? La Chine lève le voile sur ses radars « anti-invisibles ».
Hefei, mai 2025. Dans l'anonymat d'un centre d'exposition sécurisé de la province de l'Anhui, un dispositif métallique s'élève. Immobile. Silencieux. Mais capable, selon ses concepteurs, de voir l'invisible. Sur les stands de la World Radar Expo, les autorités chinoises dévoilent ce qu'elles appellent une avancée stratégique : des radars capables de détecter ce qui, jusqu'ici, échappait aux écrans — F-35, sous-marins nucléaires, drones furtifs.
Le message est limpide : la supériorité américaine dans la furtivité n'est plus une certitude. Et Pékin compte bien le faire savoir. Non pas par les armes. Mais par les ondes.
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Des fréquences basses pour des ambitions hautes
Le premier modèle présenté s'appelle JY-27V. C'est un radar mobile à ondes métriques, conçu pour la détection à longue portée. L'engin impressionne par son antenne large, déployable en moins de dix minutes. Mais c'est sa technologie qui attire l'attention. Ce radar n'utilise pas les fréquences classiques des systèmes militaires, trop faciles à brouiller par les appareils furtifs modernes. Il opère en basse fréquence, un domaine plus difficile à manipuler pour les avions qui misent sur leur profil radar réduit.
La Chine affirme que ce système peut détecter les signatures du F-22 Raptor, du F-35 Lightning II et même du bombardier B-2 Spirit. Ces appareils, parmi les plus avancés au monde, sont conçus pour traverser les défenses sans être vus. Le JY-27V, surnommé par ses concepteurs le « maître des furtifs », prétend justement rompre ce monopole de l'ombre.
Et ce n'est pas un modèle isolé. Le salon d'Hefei révèle plusieurs radars de nouvelle génération. Tous ont un point commun : voir ce qui ne devait plus jamais être vu.
Une parade numérique à la furtivité
Parmi les autres systèmes exposés, le radar YLC-8E se distingue. Installé sur un seul véhicule, ce modèle fonctionne dans la bande UHF et dispose d'une antenne à balayage électronique 2D. Il combine à la fois un balayage directionnel mécanique et une transmission numérique en phase, ce qui lui permet d'identifier des menaces à longue distance, malgré des contre-mesures actives.
Ce radar a été conçu non seulement pour repérer les avions furtifs, mais aussi pour résister au brouillage électronique. Cela en fait un outil doublement stratégique : détection précoce et résilience opérationnelle. Une qualité qui devient déterminante dans des environnements saturés de signaux, comme ceux que l'on attend dans un conflit de haute intensité autour de Taïwan ou en mer de Chine méridionale.
CETC, le groupe public à l'origine du YLC-8E, insiste sur la mobilité du système et sa capacité à s'intégrer aussi bien dans un réseau de défense fixe que dans des unités déployables en campagne. Une flexibilité qui inquiète les analystes occidentaux.
Une génération complète de radars polyvalents
Le dernier modèle mis en avant est le SLC-7. Ce radar multifonction de quatrième génération est présenté comme l'« athlète complet » de la surveillance aérienne. Il suit simultanément plusieurs types de cibles : avions, drones, hélicoptères, obus, voire missiles balistiques à courte portée.
Ce système bénéficie d'un traitement numérique avancé des signaux, d'une grande capacité de discrimination, et peut apparemment suivre les cibles furtives dans un environnement dense ou perturbé. Un point attire particulièrement l'attention : sa capacité supposée à détecter non seulement les drones furtifs de type RQ-170 Sentinel, mais aussi les sous-marins nucléaires opérant en surface ou utilisant des drones aquatiques.
Le SLC-7 serait donc capable de surveiller non seulement le ciel, mais aussi les marges maritimes, là où les flottes américaines conservent un avantage stratégique. Si cette affirmation se confirme, cela signifie qu'un réseau intégré de ces radars pourrait quadriller les approches de la mer de Chine méridionale et repérer toute intrusion occidentale.
Ce que disent les chiffres
Modèle | Type de radar | Capacité revendiquée | Mobilité |
---|---|---|---|
JY-27V | Onde métrique / basse fréquence | Détection de F-35, F-22, B-2 | Déployable en 10 minutes |
YLC-8E | UHF / balayage électronique 2D | Radar d'alerte longue portée | Monté sur véhicule unique |
SLC-7 | Radar multifonction 4e génération | Détection d'aéronefs, drones, projectiles | Mobile et résistant au brouillage |
Ces trois systèmes, pris ensemble, forment ce que la presse chinoise appelle déjà une « barrière furtive inversée » : non plus un mur d'invisibilité, mais un rideau de détection contre les plateformes qui, jusqu'ici, se croyaient intouchables.
Une riposte à l'hégémonie technologique
Depuis la première apparition du F-117 Nighthawk en 1983, les États-Unis ont construit leur supériorité aérienne sur la furtivité. Le F-35 en est l'héritier direct : difficilement repérable, connecté, multitâche. Il constitue la pièce maîtresse des stratégies d'interception, de pénétration en territoire ennemi et d'attaque de précision. Son efficacité repose sur un postulat : l'ennemi ne le verra pas venir.
Avec ces nouveaux radars, la Chine prétend briser cette doctrine. Si la furtivité devient relative, alors c'est toute l'architecture stratégique américaine qui vacille. L'avantage du premier tir. La supériorité du ciel. La dissuasion psychologique.
Ces systèmes ne sont pas de simples outils défensifs. Ils envoient un message : Pékin ne se contentera plus de rattraper son retard technologique. Elle veut anticiper la prochaine étape.
Un avenir plus visible que prévu
La présentation de ces radars s'inscrit dans un contexte plus large : celui d'une Chine qui accélère son expansion militaire, tant sur le plan naval que spatial. Ces radars ne sont pas seuls. Ils seront bientôt appuyés par des satellites, des systèmes de brouillage, des drones autonomes, et des réseaux d'IA tactique.
Mais ils changent déjà la donne. Car si le F-35 ou le B-2 peuvent désormais être vus, même partiellement, cela suffit pour qu'ils soient ciblés. Et donc vulnérables.
Les États-Unis ne sont pas restés inactifs. De nouveaux revêtements, des systèmes d'émission contrôlée, et des contre-mesures actives sont en développement. Mais la course est lancée. Et dans cette nouvelle guerre des ondes, il ne s'agit plus de cacher. Il faut apprendre à voir. Avant l'autre.
Source : https://www.globaltimes.cn/page/202505/1334265.shtml
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