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Le pétrole dégringole à cause de la guerre commerciale sino-américaine et un événement pourrait encore faire chuter le prix du baril prochainement

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Le pétrole dégringole à cause de la guerre commerciale sino-américaine et un événement pourrait encore faire chuter le prix du baril prochainement
Le pétrole dégringole à cause de la guerre commerciale sino-américaine et un événement pourrait encore faire chuter le prix du baril prochainement

Le pétrole en chute libre après les derniers développement de la guerre commerciale entre Etats-Unis et Chine.

Trois jours de chute, et un doute qui se transforme en certitude. Ce 30 avril, les marchés pétroliers ont poursuivi leur descente vertigineuse. L'or noir vacille, non pas en raison d'un effondrement brutal de l'offre ou d'une catastrophe , mais à cause d'un bras de fer économique entre deux géants : Washington et Pékin. Ce conflit, à coups de taxes punitives et de représailles douanières, inquiète profondément les investisseurs.

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Le prix du pétrole en repli malgré une offre encore sous contrôle

À 11h20 (heure de Paris), le baril de Brent perdait 1,06 %, à 63,57 dollars. Côté américain, le West Texas Intermediate chutait lui aussi de 1,03 %, à 59,80 dollars. Ce recul marque la troisième séance consécutive dans le rouge. En apparence, rien d'alarmant du côté de l'offre : l'équilibre est encore là, l'excédent ne s'est pas matérialisé. Mais le marché n'y croit plus.

Le monde ne produit que 330 tonnes de ce métal rare chaque année mais l'Europe en a fait une de ses priorités stratégiques

Quelle est la différence entre West Texas Intermediate (WTI) et Brent ?

Le West Texas Intermediate (WTI) et le Brent sont deux références majeures du pétrole brut, mais ils diffèrent principalement par leur origine géographique, leur composition et leur usage. Le WTI est extrait principalement au Texas et dans d'autres États américains, avec une teneur en soufre plus faible et une gravité API plus élevée (environ 39-40), ce qui le rend plus léger et plus « doux » que le Brent. Le Brent, quant à lui, provient de la mer du Nord (champs Brent, Forties, Oseberg, Ekofisk) et a une gravité API légèrement plus basse (environ 38-39) et une teneur en soufre un peu plus élevée, ce qui le rend un peu plus lourd. Logistiquement, le Brent est transporté par navires, facilitant son accès aux marchés internationaux, tandis que le WTI est acheminé par pipeline vers Cushing, Oklahoma, ce qui le relie surtout au marché nord-américain. Enfin, le WTI est souvent utilisé comme référence pour le pétrole américain et ses contrats à terme sont négociés au NYMEX, tandis que le Brent sert de référence mondiale avec des contrats principalement sur l'ICE à Londres.

Retour sur les principales taxes douanières entre Chine et Etats-Unis

Catégorie de produits Taxes douanières américaines sur la Chine Taxes douanières chinoises sur les USA Commentaires
Électronique et semi-conducteurs Jusqu'à 145 % (mais semi-conducteurs souvent exemptés) Environ 34 % à 84 % Les États-Unis ciblent largement l'électronique, mais font des exceptions pour certains semi-conducteurs stratégiques. La Chine riposte avec des droits élevés, affectant aussi les composants électroniques.
Produits manufacturés divers (jouets, vêtements, chaussures) 20 % à 145 % 34 % Ces produits représentent une part importante des exportations chinoises vers les USA et sont fortement surtaxés pour protéger l'industrie américaine. La Chine applique des taxes similaires sur les biens américains.
Acier et aluminium 10 % à 34 % Jusqu'à 84 % L'acier et l'aluminium sont au cœur des tensions commerciales, avec des droits élevés des deux côtés pour protéger les industries locales.
Produits agricoles (soja, volaille) Variable, souvent soumis à des droits additionnels 34 % La Chine impose des droits élevés sur les produits agricoles américains, notamment le soja, en représailles aux taxes américaines.
Produits chimiques et opioïdes synthétiques Droits additionnels de 20 % spécifiques 34 % Les États-Unis ont ciblé la Chine notamment pour des raisons sanitaires liées aux opioïdes, avec des droits supplémentaires. La Chine impose également des taxes sur les produits chimiques américains.
Véhicules et pièces automobiles Jusqu'à 25 % 34 % Les droits douaniers sur les véhicules et pièces automobiles sont utilisés pour protéger les industries automobiles nationales.
Technologies de pointe (aérospatial, télécom) Souvent soumis à des restrictions spécifiques 34 % Ces secteurs stratégiques sont soumis à des droits élevés et à des contrôles à l'exportation, reflétant la compétition technologique.

Depuis l'élection de D.Trump, les États-Unis ont fortement augmenté leurs droits de douane sur les produits chinois, avec des surtaxes pouvant atteindre 145 % en cumulant plusieurs mesures, notamment en réponse au trafic d'opioïdes synthétiques. La suppression de la franchise douanière pour les petits envois chinois renforce encore la pression tarifaire. En retour, la Chine a imposé des droits supplémentaires jusqu'à 84 % sur les importations américaines, ciblant des secteurs clés comme l'acier, l'agriculture et la haute technologie. Cette escalade tarifaire illustre un bras de fer commercial intense, où chaque camp cherche à protéger ses industries stratégiques tout en exerçant une pression économique sur l'autre. Les semi-conducteurs bénéficient parfois d'exemptions côté américain, soulignant leur importance stratégique. Les tensions tarifaires ont aussi des impacts sur les chaînes d'approvisionnement mondiales et les prix à la consommation.

Une guerre commerciale entre 2 pays qui pèse sur l'équilibre économique mondial

Pour de nombreux experts internationaux, la guerre commerciale va mécaniquement peser sur la demande mondiale de pétrole. Les chiffres qui circulent sont explicites : 145 % de droits de douane sur les produits chinois entrant aux États-Unis, 125 % sur ceux en provenance des États-Unis vers la Chine. Le choc tarifaire est brutal, et il frappe en premier lieu les deux plus gros consommateurs de brut au monde.

Des anticipations qui pèsent plus lourd que les stocks

Un fait étonnant trouble les analystes : la situation actuelle n'indique pas encore d'excès d'offre. Et pourtant, les prix s'effondrent. « Il est très inhabituel d'avoir des anticipations de surplus futures qui impactent à ce point les cours, alors que l'offre immédiate reste serrée », commente Schieldrop.

C'est ici que le facteur psychologique entre en jeu. Les marchés anticipent une baisse brutale de la demande, dans un climat où l'économie mondiale montre des signes de ralentissement. La peur d'une contraction industrielle en Chine, couplée à une stagnation des flux logistiques internationaux, suffirait à faire chuter l'appétit mondial pour le pétrole.

Et dans ce contexte d'instabilité, les investisseurs préfèrent se désengager, quitte à vendre en dessous de la valeur réelle du brut, plutôt que de miser à perte sur un marché incertain.

L'Opep+ pourrait précipiter la chute

À ce climat tendu s'ajoute une autre menace : celle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de ses alliés (Opep+). Depuis le mois d'avril, le cartel a commencé à réinjecter des barils sur le marché. Mais à un rythme plus rapide que prévu.

Selon Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management, les marchés craignent une annonce agressive de production le 5 mai prochain, date à laquelle le groupe doit dévoiler sa feuille de route pour le mois de juin. Une offre accrue, dans un contexte de demande incertaine, pourrait faire basculer le marché dans un excédent bien réel cette fois.

Un cercle vicieux enclenché

La baisse des prix, si elle se poursuit, pourrait enclencher un effet boule de neige. Moins de rentabilité pour les producteurs, révisions des budgets nationaux dans les pays pétroliers, tensions géopolitiques accrues dans les zones sensibles. L'instabilité économique pourrait à son tour renforcer les tensions commerciales, alimentant une spirale où chaque réaction amplifie le déséquilibre.

Du côté des traders, on commence déjà à parler de seuils critiques. Le baril à 55 dollars pourrait redevenir une réalité si la situation ne se stabilise pas. Or ce niveau n'a plus été atteint depuis plus d'un an, et marquerait un tournant inquiétant pour l'ensemble du secteur énergétique mondial.

Le piège d'un monde interconnecté

L'affaire dépasse de loin la simple relation bilatérale entre Pékin et Washington. Car leurs affrontements contaminent l'ensemble de la chaîne logistique mondiale : ralentissement des échanges, incertitudes sur les matières premières, reconfiguration des alliances économiques. Pour le pétrole, c'est un signal clair : le monde interconnecté peut s'effondrer plus vite qu'il ne s'est construit.

Et la guerre commerciale devient, en creux, une guerre contre la prévisibilité. Les marchés aiment les équilibres, les cycles, les anticipations rationnelles. Ce que Washington et Pékin leur offrent aujourd'hui est l'exact l'inverse : l'instabilité, la confrontation, l'aveuglement stratégique.

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Un baromètre pour le climat mondial

À travers cette chute du brut, c'est la température du monde qu'on mesure. Un monde tendu, fracturé, où les grandes puissances ne coopèrent plus, mais s'affrontent à coups de sanctions et de menaces économiques. Le pétrole, thermomètre de la santé industrielle globale, ne fait que traduire cette dérive.

Et si le baril continue de chuter, ce n'est pas uniquement à cause d'un excédent en formation. C'est parce que le monde, à force de divisions, consomme moins. Moins de confiance = moins d'échanges = prix qui baissent… CQFD

Source : https://oilprice.com/Energy/Natural-Gas/This-Record-Energy-Trade-Between-The-US-and-China-Just-Collapsed.html

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