
Avec 30 000 membres de l’Etat islamique (EI) détenus actuellement en Irak et en Syrie, la menace d’une reformation du groupe djihadiste plane toujours. D’autant plus que nombre de pays occidentaux refusent encore de récupérer « ce lourd fardeau », à l’image de la France.
Selon The Times et Arab News, « environ 30 000 anciens combattants de l’EI sont en effet emprisonnés ou détenus dans les deux pays, et le groupe représente toujours une menace pour la sécurité de la région. (Parallèlement), les 25 000 enfants et familles du camp d’Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, ajoutent également au risque de résurgence de Daesh, et l’on craint que la radicalisation et l’extrémisme ne se développent au sein de la détention ».
La France peu enclin à récupérer ses djihadistes
Pour rappel, Agnès Callamard, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, avait contacté en août 2019 le Quai d’Orsay afin que Paris organise le rapatriement de sept ressortissants français condamnés à mort en Irak au terme de « procès inéquitables ». Dans son courrier, l’intéressée demandait aussi à la justice hexagonale de juger elle-même ces individus arrêtés précédemment en Syrie, puis transférés à Bagdad dans la foulée.
« Ils doivent être jugés au plus près des lieux où ils ont commis leurs crimes »
De son côté, le gouvernement français avait choisi d’invoquer la souveraineté de l’Etat irakien pour se délester de cette problématique particulièrement épineuse :
« La France a une position constante s’agissant des ressortissants adultes, hommes et femmes, ayant rejoint Daech pour combattre au Levant. Ils doivent être jugés au plus près des lieux où ils ont commis leurs crimes. C’est une question de justice et de sécurité à la fois. Les autorités irakiennes savent également que la France est opposée, en tous lieux et en toutes circonstances, à la peine de mort, et qu’elle demande à ce que les sentences de mort ne soient pas appliquées », estimait ainsi le ministère des Affaires étrangères par le biais d’un communiqué.
Une jurisprudence différente pour les femmes et les enfants
Comme le souligne Médiapart et Human Rights Watch, la France a toutefois récupéré 51 de ses ressortissants, en juillet dernier, qui étaient détenus dans un camp du nord-est de la Syrie depuis la chute de Daech. Uniquement des femmes, anciennes membres du groupe terroriste et leurs enfants, dont sept orphelins.