La crise économique et politique perdure en Argentine

Malgré une forte reprise économique et un taux de chômage en baisse, l’Argentine s’enfonce dans la crise économique sur fond de dissensions au sein du gouvernement. En cause, une inflation galopante et la rigueur budgétaire imposée par le FMI.

En Argentine, confrontée à une crise sociale et financière depuis la pandémie de Covid 19, les ministres de l’Économie se succèdent : trois en moins d’un mois. Le dernier en date, Sergio Masa, nommé le 29 juillet 2022, s’est vu confié un portefeuille élargi au « développement productif » et à l’agriculture.

Un accord avec le FMI

Il faut dire que le pays traversait déjà des turbulences avant même le début de la crise sanitaire. En cause, une dette abyssale de 44 milliards de dollars, héritée de la présidence de Mauricio Macri (2015-2019), pour laquelle le pays a toutefois obtenu l’accord du Fonds monétaire international – 20 ans après le défaut de paiement historique de 2001 – pour un plan de restructuration.

Mais pour faire face aux besoins financiers entrainés par le quasi arrêt de l’économie pendant plusieurs mois au plus fort de la pandémie, le gouvernement d’Alberto Fernández a fait marcher la planche à billet et contribué ainsi à renforcer la hausse des prix.

Conséquence, l’inflation se situe aujourd’hui autour de 64% et devrait atteindre 90% en janvier prochain selon les estimations. De quoi faire craindre une explosion sociale dans les mois qui viennent dans un pays où 37,2 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, soit 17,4 millions de personnes malgré un faible taux de chômage et une croissance économique forte. Mais l’Argentine compte beaucoup de travailleurs pauvres, lesquels réclament, entre autre, un revenu minimum universel.

Le retour du troc pour les plus démunis

Pour l’heure, le gouvernement semble toujours démuni pour agir sur les prix, alimentant le mécontentement des plus pauvres qui paient les conséquences de cette spirale inflationniste. Vingt ans après leur apogée pendant la crise de 2001, les clubs de troc ont refait leur apparition dans le pays.

Dans ce contexte, l’aile gauche de la coalition de gouvernement, dirigée par la vice-présidente et ancienne chef de l’État Cristina Kirchner, s’oppose à la rigueur budgétaire et pousse à prendre des mesures de soutien aux plus défavorisés. Mais le nouveau ministre de l’économie doit composer avec le FMI qui a accepté de renégocier ses prêts en échange d’une promesse de réduire progressivement le déficit budgétaire jusqu’à atteindre l’équilibre en 2025.

L’augmentation des taxes plombe les exportations

Ainsi, les pénurie de céréales et de gaz causées par la guerre en Ukraine – l’invasion russe n’a pas été condamnée par l’Argentine – avait fait espérer au président Alberto Fernandez que son pays, important exportateur de blé et doté d’immenses réserves de gaz de schiste, pouvait profiter du fait d’être un « réservoir » mondial de nourriture et d’énergie.

Rapidement, il a cependant du se rendre à l’évidence. Pour stabiliser le marché interne et réduire le déficit budgétaire, le gouvernement a pris la décision de d’augmenter les taxes sur les exportations et d’abaisser les subventions sur les énergies. A tel point que la production agricole argentine pourrait baisser de 23 à 18,5 millions de tonnes dans les mois à venir car la confiance des producteur est gravement atteinte par l’incertitude économique et la hausse vertigineuse du prix des carburants.

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