
Un an après son adoption par les Etats-Unis, l’Inflation Réduction Act inquiète toujours autant les Européens qui redoutent une érosion de la compétitivité et de la pérennité de leur industrie.
L’Inflation Reduction Act (IRA) a été promulgué il y a tout juste un an par le Congrès américain. L’objectif de ce programme d’investissement de 370 milliards de dollars est de soutenir la transition énergétique et de lutter contre l’inflation. Il prévoit notamment de larges crédits d’impôt pour aider les consommateurs à acheter des voitures électriques et les entreprises à produire des énergies renouvelables ainsi que des mesures, plus modestes, pour réduire le coût des soins de santé des seniors.
Le plan le plus « agressif » de l’histoire
L’IRA vise d’abord à reconstruire l’appareil industriel américain mis à mal par la crise du Covid, et, en particulier, a relocaliser des pans entiers du secteur manufacturier afin de redynamiser le marché de l’emploi tout en limitant l’inflation.
Selon Joe Biden, ce plan le plus « agressif » de l’histoire en matière d’énergie et de climat, a d’ores et déjà permis à son gouvernement de créer « davantage d’emplois que n’importe quelle administration précédente sur un mandat entier ». Au cours de l’année écoulée, l’IRA aurait ainsi généré quelque 110 milliards d’investissements industriels dans les énergies vertes et créer jusqu’à 170 000 emplois.
Si elle permet à l’administration du président démocrate de vanter son bilan auprès de ses concitoyens, cette stratégie de subventions et d’incitations fiscales inquiète les Européens, lesquels dénoncent un protectionnisme qui fausse la concurrence. « Il s’agit clairement d’une politique protectionniste fondée sur l’America first, initiée par Barak Obama, assumée par Donald Trump et poursuivit par Joe Biden », explique Jean-Eric Branaa, spécialiste des Etats-Unis, sur BFM.
Une concurrence faussée pour les Européens
Les Européens craignent surtout des délocalisations massives d’entreprises présentes en Europe qui préféreront fabriquer sur le sol américain pour pouvoir bénéficier de ces aides. Tesla a ainsi renoncé à investir en Europe en gelant un projet d’une usine de batteries en Allemagne. De plus, ses véhicules s’en trouvent favorisés par rapport à ses concurrents, comme les BMW allemandes ou les marques japonaises et coréennes. De même de l’acier américain pour les projets de parcs éoliens.
Mais les entreprises étrangères qui s’installent aux Etats-Unis ont aussi l’opportunité de capter une partie de ces subventions. En mars, l’entreprise norvégienne Nel, spécialisée dans l’hydrogène, choisissait l’Etat du Michigan pour implanter sa nouvelle usine d’électrolyseurs. Un choix justifié par « les incitations financières consenties par cet Etat », selon son patron, Hakon Volldal, cité par Reuters.
Emmanuel Macron a tapé du poing sur la table
Lors de sa visite d’Etat à Washington, en novembre 2022, Emmanuel Macron avait tapé du poing sur la table, dénonçant un texte « pas conforme aux règles de l’Organisation mondiale du commerce » et qualifiant ces subventions de « super agressives » sur le plan commercial. Mais, contrairement à ses souhaits, le problème n’est toujours pas réglé, la Maison Blanche estimant de son côté que l’IRA créait des opportunités significatives pour les entreprises européennes et pour la sécurité énergétique de l’Europe.
Il faut dire que le contexte est particulièrement favorable aux Etats-Unis qui vend au prix fort son gaz naturel liquéfié à ses alliés européens, privés de gaz russe bon marché… En attendant, alerte le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, c’est toute l’économie de l’Union européenne qui se trouve fragilisée par les tarifs énergétiques exorbitants et le vaste plan de soutien à son économie décidé par Washington, sans concertation avec ses alliés du Vieux Continent.