Somalie : les shebab frappent encore…

La sécheresse et le djihadisme rongent la Somalie

Deux attaques perpétrées mercredi 23 mars à Beledweyne, une localité du centre de la Somalie, et revendiquées par les shebab, ont tué au moins 48 personnes, relaie France 24.

Le média précise que ces attaques sont intervenues quelques heures après une autre attaque menée contre l’aéroport de la capitale Mogadiscio, réputé pour être le site le plus sécurisé de ce pays instable de la Corne de l’Afrique.

Face au carnage, Ali Gudlawe Hussein, le gouverneur de l’État de Hirshabell, trouvait difficilement les mots pour exprimer sa colère :

Nous pouvons confirmer pour l’instant que 48 personnes ont été tuées et 108 autres blessées dans les deux explosions. Les secouristes ont trouvé des corps ensevelis sous des débris. Nous exhortons les citoyens à être très vigilants, nous ordonnons à toutes les agences sécuritaires de renforcer la sécurité. »

Œil pour œil, dent pour dent

Pour rappel, les autorité américaines et somaliennes ont annoncé en avril 2020 la mort de Yusuf Jiis, un des membres fondateurs du groupe djihadiste, shebab. Le belligérant a perdu la vie à l’ouest de Mogadiscio, dans une frappe aérienne conduite par l’Africom, le commandement militaire US en Afrique.

Selon RFI, qui s’appuie sur des analyses d’experts liés à ce dossier, « Yusuf Jiis a notamment participé à des attaques contre des agences humanitaires en 2009. Récemment, il travaillait avec la Hisba, la police islamique des shebab… Et était devenu une “éminence” du Conseil de la shura, la plus haute instance du groupe terroriste. Celle-ci compterait seulement une dizaine de membres chargés de prendre les décisions importantes, de décider de la politique du mouvement, d’envoyer les ordres aux branches régionales, ou encore de nommer les chefs ».

Une opération de choix donc pour Washington, mais toujours insuffisante pour enrayer cette menace…. Car dans les faits, si le gouvernement central somalien résiste tant bien que mal aux assauts répétés du terrorisme, le soutien dont il bénéficie sur l’échiquier mondial ne suffit pas. Et pour cause, bien que les islamistes (5 à 9000 combattants) disposent d’une marge de manœuvre plus faible depuis 2011 et la perte de la capitale, ils restent malgré tout encore très actifs. Notamment dans de vastes zones rurales, d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides jusque dans la capitale.

La carte américaine

En ce sens, les Nations unies comptent sur les forces américaines pour assurer “le service après-vente”, car l’oncle Sam dispose de 5 bases militaires sur le territoire. Concrètement, après presque 30 ans « d’abstinence », Washington a rouvert son ambassade à Mogadiscio au mois de décembre 2018. De quoi voir l’avenir plus sereinement, donc.

D’autant plus que le géant outre-Atlantique envisage parallèlement de réduire sa présence en Afrique pour recentrer ses efforts vers les concurrents stratégiques des Etats-Unis (la Chine et la Russie) aux dépens de l’aide à l’opération antidjihadiste dirigée par la France au Sahel. Et cela, afin de renforcer cette guerre d’usure contre les shebab, indique Le Monde.

Une information corroborée par Roger Cloutier, commandant des forces terrestres américaines en Afrique. « Les shebab sont l’une des menaces les plus sérieuses du continent. Ils aspirent à attaquer notre pays. Le danger qu’ils représentent doit être pris très très au sérieux. C’est pourquoi nous nous focalisons sur eux », avait ainsi confirmé l’intéressé au cours d’une conférence téléphonique au Pentagone.

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