La France en Afrique : un déclin accéléré

Le sentiment anti-français de plus en plus puissant dans les pays d’Afrique de l’Ouest s’accompagne d’un déclin accéléré de la présence économique française sur l’ensemble du continent.

C’est presque devenu un « marronnier », terme qui désigne dans la presse un article ou un reportage consacrés à un événement récurrent ou prévisible. Mais la dégradation accélérée de l’image de la France en Afrique n’en pas moins préoccupant, en particulier pour les intérêts économiques hexagonaux.

Un constat nuancé

Cependant, le constat mérite d’être nuancé. Ainsi, selon les derniers résultats de l’édition du « Baromètre CIAN des leaders d’opinion en Afrique » réalisée par l’Institut IMMAR, l’image de la quasi-totalité des puissances européennes est écornée. La France, qui a fourni au continent africain 10 millions de doses de vaccins AstraZeneca et Pfizer dans le cadre d’un partenariat avec l’Union africaine lors de la crise sanitaire liée au Covid-19, limite les dégâts en gagnant une place dans le classement par rapport à l’année dernière. Elle passe sixième des pays non-africains les plus appréciés, mais reste loin derrière les trois premiers – les États-Unis, l’Allemagne et le Canada.

Dans le classement des pays jugés les plus bénéfiques pour l’Afrique, la France est neuvième, juste derrière la Turquie et les Émirats arabes unis. Une fois de plus, les États-Unis, le Canada et l’Allemagne occupent les premières places.

Un recul économique

De fait, force est de constater que, 60 ans après les indépendances, la France n’est plus la puissance dominante qu’elle a longtemps été en Afrique. Un recul qui s’explique d’abord par des raisons économiques. Au cours des deux dernières décennies, elle a en effet été déchue de son titre de premier fournisseur et investisseur du continent.

En cause, l’explosion de la demande d’un continent en plein essor démographique – elle a été multipliée par 4 en 20 ans – et l’émergence de concurrents que Paris n’a pas su – ou pas pu – contenir. Ainsi, si les exportations françaises vers l’Afrique ont fortement augmentées en valeur entre 2000 et 2021, leur poids relatif est passé de 12% à 5% sur la même période. Une période pendant laquelle, Paris s’est fait dépasser par Berlin en tant que premier fournisseur européen du continent, ainsi que par Pékin qui s’arroge aujourd’hui 17% du marché continental.

La France chassée de l’Ouest du continent par la Russie

Plus remarquable encore : le déclin de la France s’observe d’abord dans les pays francophones. Les principaux partenaires commerciaux africains de la France sont aujourd’hui le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, suivis par le Nigeria et l’Afrique du Sud. Les pays de l’ancien d’Afrique de l’Ouest  ne représentent plus, quant à eux, que 1% des parts de marché hexagonales.

Il faut dire que le sentiment anti-français n’y a jamais été aussi puissant. Parti du Mali, il s’est étendu en Centrafrique et au Burkina Faso où les leaders d’opinion accusent l’ancienne puissance coloniale de vouloir profiter de leurs ressources. Un sentiment anti-français largement instrumentalisé par Moscou qui, depuis plusieurs années, cherche à accroître son influence en Afrique et à remplacer Paris dans son ancien « pré carré ».

Une situation pour le moins paradoxale. Alors que la présence de Paris n’a jamais été aussi faible en Afrique depuis la colonisation, notamment en matière économique, son

 

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