
Alors que le Liban sombre dans une crise effrayante, et cela à tous les niveaux, Jack. M, avocat à Beyrouth, revient, sous couvert d’anonymat, dans un plaidoyer poignant sur la situation d’un Etat en perdition et gangréné par la corruption.
« Cet épisode chevauche sur le premier et sur le suivant, c’est le requiem qui constitue la bande sonnante et trébuchante de tous les Libanais. La violence qui s’y manifeste, si elle est moins physique n’en est pas moins concrète, car il s’agit de dépouiller les gens du fruit de leur travail. Les corrompus du pouvoir, ne pouvant faire face aux difficultés desquelles ils sont responsables, ayant à force de commissions, de malversations et de vols qualifiés, vidé les caisses du trésor public, vont avoir recours à l’argent, péniblement amassé lui, des citoyens. Pour ça, leur imagination n’a aucune limite, que de stratagèmes pour extirper l’argent honnêtement gagné des libanais. Même ceux qui ne se sont pas laissé avoir à leur leurre d’intérêts pharaoniques pour inciter à convertir les dollars en livres libanaises, vont être escroqués.
Le système imaginatif des banques (complices du pouvoir) : les dollars des déposants : une fois à la banque, ne peuvent être sortis qu’en livres libanaises, mais le taux de conversion ne correspond aucunement au taux réel tel que pratiqué sur le marché. En effet, pour acheter des dollars au marché noir actuellement, 1 USD = 21,000.00 LL approximativement, or le dollar emprisonné à la banque, ou LOLLARD est changé suivant le taux officiel de 1507,00, soit une différence de 19 500,00 (92 %) ! Devant l’énormité de la chose, l’épargnant en USD peut retirer une fois le mois, l’équivalent en livres libanaises de 5000,00 USD au taux exceptionnel de 3 900,00 (81,5% de perte). À cet égard, les experts établissent que le « Haircut » si redouté est d’ores et déjà pratiqué par l’engeance des banquiers qui ponctionnent sans tambours ni trompettes 90% des avoirs de leurs déposants.
Par jour, le paiement par carte est limité à 1 500 000, 00 LL (réduit depuis un mois de 400 000, 00 LL), pour ceux qui acceptent ce paiement ou celui par chèque cela équivaut à une perte et un gel de son avoir. En plus, des Lollards, du Haircut, vient s’ajouter la notion de « Fresh Money » dont est avide le gouvernement. Inutile d’expliquer ce qu’argent frais veut dire, à par qu’ils ont hâte de mettre leur grappin dessus (peut-être sur mon cadavre). Des pays étrangers se sont dit prêts à nous venir en aide à condition que nous formions un gouvernement et que nous luttions activement contre la corruption.
N’est-ce pas l’exemple même de la proposition qui en elle-même possède les éléments de son échec ? Car, qui est requis à la lutte contre la gabegie sinon ceux mêmes qui la pratiquent à haute échelle ? et ce seraient ceux là qui formeraient un gouvernement d’experts, et mettraient fin au dépeçage du cadavre dont ils peuvent retirer encore quelques bénéfices… »