Publication: 20/11/2020
En Côte d’Ivoire, la reprise du dialogue entre le Gouvernement et l’opposition est indispensable à une sortie de crise durable. Encore faut-il se mettre d’accord sur ce qui s’est réellement passé, ce que le récent rapport d’Amnesty International n’est pas en mesure de favoriser.
C’est une accusation à peine voilée. Dans un article diffusé le 16 novembre, Amnesty International s’attaque aux autorités ivoiriennes les appelant à « libérer immédiatement Pascal Affi N’Guessan et toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux ». Pour l’ONG, les autorités doivent également « s’engager à créer un espace où les citoyen.ne.s peuvent exprimer librement leurs opinions et manifester pacifiquement, sans crainte d’être arrêtés, agressés ou tués ».
Les violences qui ont émaillé le scrutin présidentiel du 31 octobre ont en effet entraîné des pertes en vies humaines (officiellement 85 bien que l’opposition amplifie les chiffres), des blessés et des destructions de biens. Des faits largement reconnus par les autorités.
Déplorant et condamnant « fermement ces violences incompréhensibles », la Commission électorale indépendante (CEI) s’est ainsi inclinée « devant la mémoire des disparus », a souhaité un « prompt rétablissement aux blessés » et a adressé sa « compassion émue aux personnes ayant perdu des parents ou des proches ».
Mais le Gouvernement a tout de même regretté « la singulière partialité dont est empreint le communiqué d’Amnesty International, qui fait fi des efforts du Gouvernement pour trouver, dans le plein respect de l’Etat de droit et des droits de l’Homme, des solutions appropriées à la situation sociopolitique qui prévaut en Côte d’Ivoire ».
Le Gouvernement ivoirien déplore tout particulièrement que le texte de l’ONG « se fonde sur des allégations non circonstanciées et des faits qui, du reste, n’ont été relevés par aucune des missions d’observation présentes dans le pays » lors du scrutin.
Un scrutin « satisfaisant » et « acceptable »
« Ouvertement orienté », « partial » et contenant des « contrevérités flagrantes », le communiqué de l’ONG a été rédigé sans tenir compte de l’avis des sympathisants du parti au pouvoir, poursuit le Gouvernement.
Celui-ci insiste par ailleurs sur le fait qu’aucune personnalité de l’opposition « n’a été l’objet d’une arrestation arbitraire ». En effet, « les personnes concernées ont été arrêtées et sont poursuivies pour des faits constituant des infractions prévues et punies par la loi pénale, de sorte que [leur privation de liberté repose] sur une base légale irréfutable ».
Enfin, le Gouvernement ivoirien rappelle que « la détérioration de la situation sociopolitique est la conséquence directe de l’appel à la désobéissance civile et au boycott actif par des responsables » de l’opposition.
Tout en félicitant la Côte d’Ivoire pour l’organisation du scrutin, de nombreuses instances internationales ont en effet déploré la politique de boycott menée par certains opposants. Pour l’Union africaine, « le premier tour de l’élection du président de la République s’est déroulé de manière globalement satisfaisante », et ce en dépit du contexte politique marqué par « l’absence de consensus sur le processus ».
Même son de cloche du côté de la CEDEAO qui, si elle dénonce « des violences dans certaines localités », affirme que le scrutin s’est déroulé selon un mode « globalement satisfaisant et donc acceptable ».
Langage incendiaire et inexact
Dans une déclaration conjointe, la CEDEAO, l’Union Africaine et Nations-Unies rejettent en outre « la création d’un Conseil national de transition par une partie de l’opposition » et appellent au respect de « l’ordre constitutionnel ».
Présidé par Henri Konan Bédié, ce Conseil a en effet été créé le 2 novembre dernier, soit deux jours après le scrutin. Sa mission : « mettre en place dans les prochaines heures un Gouvernement de transition », selon les déclarations de l’ancien premier ministre Pascal Affi N’Guessan.
Or, pour le Gouvernement ivoirien, l’objectif de cet organe n’est autre que de « se substituer aux institutions », ce qui « ne saurait être toléré » en Démocratie.
Un tel « acte de sédition » s’inscrit pourtant dans la stratégie adoptée par l’opposition depuis plusieurs mois. Bien qu’une trentaine de personnes ont trouvé la mort dans des violences ayant précédé le scrutin, l’opposition n’a jamais renoncé à l’usage d’un langage à la fois incendiaire (« Face à la forfaiture, un seul mot d’ordre irréversible, la désobéissance civile », avait osé Henri Konan Bédié) et inexact (« Nous assistons à des emprisonnements arbitraires des démocrates ivoiriens », avait-il ajouté).
Alors que les violences ont cessé dès que le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, a rencontré M. Bédié le 11 novembre, l’opposition devra sans doute réfléchir au mot de Laurent Gbagbo, qui a appelé les différentes parties « au calme, à l’apaisement et à la réconciliation ».
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