Cette petite île du pacifique – qui abrite une énorme base de la force aérienne américaine en Asie – présente un statut politique particulier. Il s’agit en effet d’un territoire non incorporé par les Etats-Unis, mais toutefois régi par le géant occidental. Guam ne dépend donc pas de l’un des cinquante Etats du pays et aucun processus démocratique classique n’y est en vigueur; au grand dam de la population locale qui pourrait voter son indépendance lors d’un référendum.
Et pour cause, ce statut – partagé par Porto Rico et les îles Vierges américaines – confère la citoyenneté aux personnes qui y sont nées, mais ne leur donne pas le droit de voter aux élections présidentielles, ni d’élire un représentant au Congrès.
Le gouverneur de Guam, Eddie Baza Calvo, a donc appelé les habitants à voter massivement lors de l’échéance afin qu’ils tranchent sur l’avenir politique de l’île : « Ce territoire ne jouit pas de la démocratie dans laquelle les citoyens peuvent choisir leurs dirigeants ainsi que les lois applicables. Nos soldats sont allés se battre sous le drapeau américain, mais nous avons jamais voté pour la personne qui nous envoie à la guerre », fustige-t-il.
Avant de poursuivre laconiquement : « Notre peuple doit décider des orientations à prendre : être pleinement lié aux Etats-Unis ou suivre une voie séparée. »
Si le référendum n’a pas encore été acté par le gouvernement Obama, une commission de décolonisation devrait officiellement le faire le mois prochain, a laissé entendre l’intéressé. Toutefois la possibilité qu’il intervienne au mois de novembre (comme il le souhaite) reste fortement hypothétique « car un vote ne peut décemment pas avoir lieu durant une année électorale », souligne un ardent défenseur de cette cause.
Une indépendance risquée
Plusieurs scénarios sont donc envisageables dans l’affirmative. La population, dont l’avis sera simplement consultatif, pourra « militer » entre autres pour bénéficier de tous les droits (et charges) incombant à un Etat US, sachant que sa population est inférieure à 200 000 habitants.
Ces derniers auront également la possibilité d’obtenir une puissance administrative, à l’image de celle en vigueur aux Iles Marshall. Cet Etat totalement indépendant n’a en effet pas le statut de territoire non incorporé, mais a conclu un accord d’association provisoire avec les Etats-Unis.
Enfin, Guam pourrait devenir à terme une minuscule nation souveraine et perdrait en conséquence plus de 600 millions de dollars de subventions annuelles ; une alternative tout de même peu probable étant donné que le Congrès reste l’unique décideur dans ce dossier.
Source : The Washington Post