Le deuxième porte-avions de la marine chinoise, qui ne porte pas encore de nom et n’est toujours pas diplomatiquement actif, a fortement ébranlé les autorités de Taipei après son passage récent dans le détroit séparant le géant asiatique et le territoire de Taïwan… revendiqué par Pékin.
Face à cette polémique naissante, le porte-parole de la marine chinoise, Cheng Dewei, a tenu à éteindre l’incendie rapidement en confirmant que cette opération « ne visait aucune cible spécifique et n’avait rien à voir avec la situation (politique) actuelle ».
De son côté, la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, a avoué que le petit Etat insulaire se tenait sur ses gardes : « Nous suivons la situation de près dans l’ensemble du détroit. Nous sommes capables de nous défendre », a-t-elle ainsi martelé auprès de la presse internationale.
70 ans de « guerre froide »
En froid avec la Chine depuis 1949, Taiwan tente en effet d’exister sur l’échiquier diplomatique planétaire. Mais l’ombre de Pékin, plus imposante année après année, réduit inexorablement les ambitions de Taipei.
Et pour cause, Taiwan a perdu en plus de trois ans la reconnaissance du Burkina Faso, du Panama, de la République dominicaine, de Sao Tomé-et-Principe, mais aussi celle du Salvador. « (Dans les faits), tous ces Etats ont effet choisi de répondre aux appels sonnants et trébuchants de la Chine continentale », souligne Libération.
De ce fait, l’île, non reconnue pas l’ONU, ne comprend aujourd’hui que 15 alliés diplomatiques dans le monde, essentiellement des nations de faible envergure. Problématique, vous en conviendrez – alors que cette démocratie disposant d’un système électif viable, d’une presse libre de ses mouvements et de ses écrits, mais aussi d’une société civile en très bonne santé – ne demande qu’à s’émanciper en matière de politique internationale.
Malheureusement, le gouvernement chinois ne l’entend pas de cette oreille et se refuse à considérer toute velléité d’indépendance « officielle ». D’autant plus que l’arrivée au pouvoir début 2016 de la présidente autonomiste, Tsai Ing-wen, n’a fait qu’empirer ce postulat.
Un processus destiné à isoler Taiwan
Résultat, Pékin multiplie les approches pécuniaires à l’encontre des derniers partenaires de Taipei…. Qui ne résistent pas à l’arrivée d’investissement bienvenus en temps de crise. Un chantage au porte-monnaie auquel se refuse la dirigeante qui déplore l’arsenal dissuasif de son imposant voisin :
« La rupture des relations diplomatiques n’est pas un incident isolé. Tout cela fait partie d’une série d’actes de coercition diplomatiques et militaires », confirmait ainsi Tsai Ing-wen en septembre 2018. « Cela comprend l’envoi d’avions militaires pour encercler Taiwan, contraindre les compagnies aériennes internationales à changer de désignation pour Taiwan, priver la ville de Taichung de son droit d’accueillir les Jeux de la jeunesse de l’Asie de l’Est. (Concrètement), la Chine n’a jamais assoupli son emprise… »
A suivre…
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