Dans son dernier ouvrage, « Les leçons du pouvoir », qui revient sur les coulisses de son quinquennat, François Hollande accorde un focus sur les personnalités de Vladimir Poutine et de Barack Obama qu’il a eu l’occasion de côtoyer à plusieurs reprises. Et force est de constater que l’ambivalence est bel et bien de rigueur.
Les impressions sont parfois trompeuses, c’est un fait. L’image renvoyée par les médias concernant l’ex-locataire de la Maison Blanche et le chef du Kremlin – reconduit le 18 mars dernier pour un quatrième mandat – ne sont manifestement pas en adéquation avec le portrait dressé par François Hollande de ces deux icônes de la politique internationale.
L’intéressé décrit en effet B. Obama comme un personnage à deux facettes : « Une icône, une page d’histoire, doublé d’un orateur exceptionnel, un intellectuel capable des raisonnement les plus charpentés. Mais qui en dehors de sa grande maîtrise de la communication en public s’avère en réalité froid et distant dans les réunions en petit comité, sa simplicité s’effaçant. »
Pire, le premier président américain noir de l’histoire aurait une approche « un peu particulière » des règles de la bienséance : « Il mange peu et soigne sa ligne. Il ne finit jamais ses desserts et, quand je lui fais servir un plateau de fromages, il coupe précautionneusement un petit bout de chèvre qu’il abandonne ensuite sur le bord de son assiette. Comme s’il craignait de nous donner un avantage », regrette-t-il.
A contrario, V. Poutine séduit beaucoup plus l’ancien leader du parti socialiste : « Un personnage pourtant coriace et à l’allure de fer ». Les confidences sont ainsi croustillantes, à l’image d’une rencontre à l’Elysée en plein crise ukrainienne, en 2014, qui aurait dû s’avérer épineuse :
« A son arrivée au Palais, mon regard se porte sur un sac isotherme qu’il tient à la main. Je découvre qu’il contient une bouteille de vodka qu’il veut nous faire partager, veillant à ce qu’elle soit à la bonne température.«
Le dîner se déroule alors de manière délicieuse avec cet invité au discours rafraichissant : « Il montre un fort bon appétit et rien ne paraît entamer sa bonne humeur », confie F. Hollande. « Il multiplie les toasts à la gloire de l’amitié franco-russe, de la victoire sur les nazis. »
« Tel est le dirigeant russe, froid et déterminé, imprévisible, et délicat »
Une autre rencontre marquera d’ailleurs fortement l’ex-chef d’Etat français. Il s’agit d’une escale qu’il effectuera en Russie en décembre 2014. Si cette dernière présentait un aspect formel de rigueur, F. Hollande avoue dans ses écrits avoir été une nouvelle fois surpris par V. Poutine : un homme sachant « trouver les formes et ménager ses surprises ». Cette anecdote porte sur la fin d’un entretien à rallonge. Mais là, une surprise l’attend :
« Une boîte est posée près de lui, mystérieuse. Il en sort soudain un document enveloppé d’un emballage richement orné. Je l’ouvre. C’est une lettre de Napoléon écrite pendant la campagne de Russie. La pièce est rare. Poutine me dit l’avoir achetée lui-même auprès d’un collectionneur. Il entendait marquer, par cette attention à l’égard de la France ; le respect qu’il attachait à notre histoire commune (…) Tel est le dirigeant russe, froid et déterminé, imprévisible, et délicat », conclut-il ainsi avec passion.
Source : VSD