
Les tensions sino-américaines ne cessent de s’intensifier en raison du rapprochement de plus en plus sérieux entre Washington et Taipei marqué par la probable visite à court terme de la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, aux Etats-Unis.
C’est un secret de polichinelle, le géant asiatique souhaite exercer définitivement sa souveraineté sur Taïwan, dont le statut international reste toujours très épineux. Dans les faits, l’île est en effet la 23e province chinoise, mais reste de facto indépendante de la Chine qui n’y a jamais exercée aucun pouvoir politique. Taïwan est ainsi régie par les lois chinoises depuis 1945.
De son côté, le département d’État américain a indiqué mercredi 8 mars qu’il ne s’opposerait pas à la venue de la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, en Californie pour y rencontrer le président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, relaie BFM. Le média précise que « l’intéressé a confirmé ce mardi qu’il verrait la présidente dans son État d’origine, la Californie, évitant pour l’instant une visite à Taïwan qui risquerait d’aviver les tensions déjà fortes avec Pékin ».
Un conflit attisé sous Trump
Pour rappel, l’ex-secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, avait levé le 9 janvier 2020 toutes les restrictions qui encadraient les relations diplomatiques entre l’Oncle Sam et Taïwan. Et cela, au grand dam de la Chine, à quelques jours du départ de Donald Trump de la Maison-Blanche.
… puis par le gouvernement Biden
La situation s’est ensuite progressivement dégradée entre les deux mastodontes. Notamment en raison de la visite officielle de l’ex-présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, à Taïwan le 2 août dernier. Une provocation qui a logiquement provoqué la colère du chef d’Etat chinois, Xi Jinping, qui avait promis à la Maison Blanche « une réponse forte et ferme ».
Et pour cause, en cas de conflit sino américain avéré, l’économie mondiale flancherait logiquement car Taïwan n’est autre que le centre névralgique de la production des semi-conducteurs (indispensables pour produire des ordinateurs).
Une politique chinoise de hard power difficilement tenable pour Taipei
Pour terminer, il est primordial de recontextualiser ce dossier. En froid avec la Chine depuis 1949, Taïwan tente depuis d’exister contre vents et marées sur la scène diplomatique. Mais l’ombre de Pékin, plus imposante année après année, réduit inexorablement les ambitions de Taipei.
De ce fait, l’île, non reconnue pas l’ONU, ne comprend aujourd’hui qu’une poignée d’alliés dans le monde, essentiellement des nations de faible envergure. Problématique – alors que cette démocratie disposant d’un système électif viable, d’une presse libre de ses mouvements et de ses écrits, mais aussi d’une société civile en très bonne santé – ne demande qu’à s’émanciper en matière de politique internationale.
Malheureusement, le gouvernement chinois ne l’entend pas de cette oreille et se refuse à considérer toute velléité d’indépendance officielle de la part des autorités taïwanaises. D’autant plus que l’arrivée au pouvoir début 2016 de la présidente autonomiste, Tsai Ing-wen, n’a fait qu’empirer ce postulat.
- A lire aussi : Tibet : la surveillance de Pékin toujours plus forte